Photographie

Expédition
Himba - Namibie

En terre rouge

Note d'intention

Je ne suis pas allée en Namibie pour une raison quelconque, ni comme un tas d'autres touristes pour voir la faune et la flore.

J’ai toujours été captivée par les Himbas, un peuple que j’ai découvert très jeune grâce à une émission de télévision. Des femmes si fortes, dans une expression puissante et complète de tout ce qu’elles sont. Sans limites ni peurs apparentes, elles sont d’une authenticité remarquable.

Je suis allée 3 fois en Namibie, à la rencontre de ces villages qui m’inspirent par leur douceur et leur dureté à la fois.

J’y suis allée pour repérer les lieux de tournage de mon film sur les rites de passage, que je suis en train de réaliser.

En posant le pied sur leur terre, j’ai compris et ressenti à quel point tout n’est ni bien ni mal. Cette culture embrasse le paradoxe et m’a fait accepter le mien. Ils s’accrochent à leurs tenues traditionnelles, à leurs villages, à leurs troupeaux, tout en étant équipés de smartphones, en regardant des clips sur YouTube, les fesses posées sur la terre. Ils vivent sans possessions matérielles, comme les populations qui demeurent nomades, mais prostituent leurs cultures aux touristes en quête d’exotisme.

Et ce touriste, ce fut moi.

Même si ce n’était pas mon intention première, je me suis retrouvée interloquée face à leur « musée vivant« , un terme qui peut faire peur. Des « musées vivants » sur lesquels on pourrait presque projeter l’image d’un « zoo humain« , empreint d’humiliations.

Pourtant – et c’est pour cela qu’il est important d’avoir une vision d’ensemble – sans ces villages « ouverts » au public, leur culture ne pourrait être respectée et valorisée. Il est très rare que l’on puisse se rendre dans un village authentique, loin de toute piste pour être témoin de leur mode de vie.

Lors de mon second voyage, j’ai été mise à nu. Contrairement au premier, je m’y suis rendue avec un groupe de touristes que j’avais emmenés pour photographier les grands mammifères.

Comment pourrai-je de nouveau m’asseoir si près d’eux, en portant et en exhibant des richesses autour de mon cou ?

A travers ce portfolio, je raconte mon histoire, leur histoire, l’histoire d’un mélange paradoxal entre le monde autochtone et le monde contemporain, entre leur tradition et l’assimilation chrétienne de leurs coutumes animistes…

Mélanie Mélot

Prix Roger Pic - Mélanie Mélot

Résumé « En terre rouge »

Il faut se rendre à l’évidence, l’idéal n’existe pas, même dans les villages des peuples autochtones.

Le tourisme exotique pousse les gens à aller toujours plus loin hors des sentiers battus, cherchant à rompre avec leur routine pour découvrir un ailleurs qui serait parfait et enivrant de sauvagerie.

La série en « Terre rouge » est une immersion en Namibie, dans le nord, à l’intérieur des villages Himbas. Des villages où le sacré, le tourisme, l’acculturation et le contemporain créent un mélange déstabilisant. Lorsque l’on pose le pied en terre Himba, on ne sait plus très bien où commence la
réalité et où s’arrête la mise en scène. L’incroyable mélange de leurs revendications culturelles et de l’approvisionnement de certains villages par des ONG crée un ensemble de paradoxes inspirants.