Alors que certaines jeunes filles marquent le passage de leurs premières règles par des célébrations, d’autres le taisent ou le redoutent.
Moment charnière, ce film explore comment ce vécu redéfinit leur lien avec leur mère, entre traditions, quête d’émancipation et libération des non-dits.
Une plongée sensible dans une diversité culturelle et émotionnelle
Le film et son financement
Le coût de la réalisation du film est elevé : frais de repérages, déplacements de l’équipe, prestation de l’ingénieur son, prestation de l’assistant réalisateur, fixer sur place, matériel à réparer, assurance.
Brisons les tabous !
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Je n’ai aucun souvenir clair de l’arrivée de mes premières règles. Malgré un dialogue libre à la maison, je n’avais pas saisi le sens du mot féminité, ni au sens biologique, ni au sens culturel. J’ai grandi sans me positionner dans un genre particulier. Je ne m’identifiais ni à une fille, ni à un garçon, mais plutôt à un enfant sauvage à qui personne ne devait imposer des règles. On me collait souvent l’étiquette de « garçon manqué », en raison de ma nature spontanée, sensible et vivante.
Je construisais mon identité sur des valeurs plutôt qu’un genre : la liberté, le respect de la nature et des animaux. Choisir de porter des boucles d’oreilles ou une jupe ne faisait absolument pas partie de mes préoccupations. Pourtant, je ne niais pas mon corps féminin : simplement, je ne m’y intéressais pas encore.
Il paraît que j’étais en cinquième lorsque mes premières règles sont apparues. J’avais ressenti une attirance pour un garçon, et je crois que c’est à la suite de cette sensation qu’elles sont arrivées peu après. Ce souvenir flou, presque effacé, reflète peut-être mon envie de ne pas affronter ce nouveau corps ni ma future vie d’adulte. Je n’étais pas prête à porter le poids de ma poitrine naissante, tout comme celui des responsabilités d’adulte.
Aujourd’hui, ce flou me renvoie à ces jeunes filles que j’ai filmées : certaines marquent ce passage par une fête, d’autres par le silence ou même le rejet. Ce film est aussi un moyen de comprendre ce que j’ai vécu : un passage sans cérémonie, mais pourtant universel, qui m’a conduite, moi aussi, à chercher un équilibre entre ce que j’étais et ce que la société attendait que je devienne.
Pour la plupart des femmes, la menstruation est une fluctuation mensuelle régulière.
Pendant la puberté, les premières règles marquent un passage important dans la vie sexuelle des femmes. En France, lorsque ce grand jour arrive, la plupart des jeunes filles reçoivent seulement un premier paquet de serviettes hygiéniques et quelques brèves explications techniques. Peu nombreuses sont les jeunes-femmes qui se sentent réellement entourées lors de ce grand passage de vie. Elles sont souvent conditionnées par la peur de souffrir ou d’être gênées par leurs règles. Elles ne prennent pas le temps de quitter progressivement l’enfance par un rituel, ou des temps de partage avec les femmes qui les entourent.
Le fait de ne pas souligner ce passage, impacte leur vie, car elles n’ont pas pris le temps de « conscientiser » symboliquement leur entrée dans leur vie de femme, permettant d’ouvrir leur chaudron, de découvrir la magie qu’apportera leur sexe et leur cycle.
Des dizaines de cultures célèbrent encore le premier sang qui apparaît lors de la puberté des filles. C’est un passage festif et ritualisé, mais aussi un important outil de transmission et d’intégration. En Europe notamment, des rites contemporains ont vu le jour pour célébrer les jeunes filles qui deviennent femmes lors de l’apparition de leurs règles. Ces cérémonies réunissent des symboles inspirés des cultures du monde entier : écharpe de serrage de bassin, tentes rouges, bâtons de parole, méditation de l’utérus …
En tant que mère d’une jeune femme, je suis impatiente de découvrir comment cette transition est marquée dans différentes communautés, en France et dans le monde.
Dans les médias, le film a été très bien accueilli avant même d'être tourné, et d'être vu au cinéma. Cependant, après être passé par toutes les commissions de financement existantes, aucun fond n'a été octroyé par les fonds publics, ni ceux du cinéma.
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Premières lunes est un film poétique à travers lequel je souhaite redonner un sens sacré et une signification profonde à ce moment si particulier et pourtant banalisé qu’est l’apparition des premières règles.
Il verra le jour AVEC vous.
